Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Saliou Samb
Le blog de Saliou Samb
Derniers commentaires
Archives
12 avril 2011

CRISE IVOIRIENNE

Gbagbo, le Seigneur n'était pas obligé...

Par Saliou Samb

Les images parlent d'elles mêmes. D'un côté, le nouveau président ivoirien Alassane Drahmane Ouattara, le port altier, debout, avec en arrière plan un aide de camp et le drapeau de son pays ; de l'autre un Laurent Koudou Gbagbo affichant une moue désespérée et sa femme Simone, étrangement muette, quelques minutes à peine après leur capture, envahis dans leur chambre de l'hôtel du Golf par leurs propres "ennemis". Ainsi passent les plus grandes gloires du monde...

1592642905_cote_d_ivoire_polemique_sur_l_arrestation_de_laurent_gbagboOn se demande encore quelle mouche "mystique" a piqué Gbagbo et ses soutiens pour se lancer dans une aventure aussi insensée que celle de confisquer le vote de leurs compatriotes, contre vents et marées, au point d'engager une guerre qui a fait tous ces morts (des centaines, selon les premiers chiffres rendus publics par les ONG et les Nations Unies). On se demande bien quelle lumière a jailli à la face de l'ex chef de l'état ivoirien, pour l'amener à transformer un simple scrutin présidentiel en véritable guerre urbaine, avec chars et roquettes. Que pouvait-il espérer ? Vaincre par les armes la CEDEAO, l'Union Africaine, l'ONU, les Etats Unis, la France, la quasi totalité des Etats du monde, alors qu'il ne contrôlait plus à peine que 3 quartiers au sixième jour de l'offensive des Forces Républicaines ? Mâter la "rébellion" avec ses proches parents incorporés dans l'armée aidés par des jeunes "patriotes" totalement ignorants du métier des armes ou pensait-il avec des mots, une négation systématique de la réalité ou en se murant dans la prière, avoir une chance de chasser le "diable", voir des éclairs jaillir du ciel pour foudroyer la Licorne, l'Onuci, les FRCI et tous les responsables du RHDP ? Que nenni ! Le Seigneur avait effectivement choisi son camp mais ce n'était pas celui de Laurent et Simone qui, ces derniers jours, ont passé le plus clair de leur temps à l'implorer...

En choisissant une voie sans issue, l'ancien homme fort d'Abidjan n'a pas seulement mis en danger et ruiné l'avenir de sa famille et ses proches (et leurs familles). Il a détruit l'oeuvre de toute une vie (l'acceptation de la démocratie en Côte d'Ivoire) et, le verra-t-on sans doute plus tard, le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) donne ainsi au nouveau pouvoir le prétexte de démanteler légalement tous les noyaux de soutiens dont il disposait non seulement au sein de la société ivoirienne mais également dans l'armée. Ces bastions auraient pourtant pu lui être d'une très grande utilité s'il avait accepté le verdict des urnes et endossé ses habits d'opposant qui lui vont si bien. Alassane Ouattara aurait eu toutes les difficultés du monde à gouverneur un pays où l'opposition, dirigée par un ancien président, pèse 46% des voix et dispose d’appuis incontournables au sein de l'appareil militaire. Quel aveuglement ! D'ailleurs, que restera-t-il de Gbagbo après la purge qui s'annonce ? Au-delà de toutes ces vies sacrifiées pour un résultat aussi désastreux, voilà l'oeuvre la plus absurde de Koudou.

Avec le recul, on pourrait même se poser des questions sur les convictions d'un homme qui disait lutter pour un peuple953657011_alassane_ouattara_lance_un_appel_a_la_reconciliation_en_cote__1_
qu'il a affamé et privé de services les plus élémentaires, préférant... acheter des armes. Durant toutes ces années de braise, pendant lesquelles on a plus disserté à propos de charniers, de meurtres prémédités, de tentatives d'assassinats, d'escadrons de la mort, du massacre de nombreux membres de la famille de l'ancien putschiste Robert Gueï (y compris Gueï lui-même abattu de sang froid), de disparitions des journalistes Jean Hélène et Guy André Kieffer, l'ex président ivoirien a recueilli les impôts et taxes payées par les Ivoiriens pour préparer "sa" dernière guerre. En d'autres termes, voilà un homme qui, à un certain moment de sa vie, a cru qu'il a été élu (de Dieu ?) pour prouver qu'il est "courageux". Nous n'en sommes plus certains après sa capture humiliante...

Nous avons le témoignage du journaliste Venance Konan qui raconte ce que Gbagbo disait de Slobodan Milocevic, à l'époque engagé dans une guerre similaire contre le monde entier. C'était en 1999. Le voici : « Koudou Laurent, que ne t’a-t-on pas dit? Que ne t’a donc pas enseigné l’histoire que tu professas? Te rappelles-tu ce que tu dis un jour de Slobodan Milosevic? Tu lui dis, lorsque lui aussi voulut défier son destin: «Où croit-il pouvoir aller? Croit-il qu’il aura raison contre le monde entier? Lorsque dans un village tout le monde voit un pagne en blanc et que vous êtes seul à le voir en noir, c’est que vous avez un problème.» Te souviens-tu de cette phrase que tu prononças à Adzopé (ville du Sud de la Côte d’Ivoire) en 1999? Pensais-tu vraiment pouvoir à ton tour défier le monde entier et avoir raison? Que t’est-il donc arrivé, Laurent? Est-ce le pouvoir qui t’a obscurci l’esprit ? Est-ce ton épouse Simone et sa cohorte de pasteurs aux regards de Raspoutine qui t’ont entraîné sur cette voie jonchée de cadavres? »

Le Seigneur n'était donc pas obligé de céder aux caprices d'un homme à la conscience aussi tranquille que Gbagbo, le "socialiste religieux". Il avait pour lui et sa connaissance de l'histoire et le pouvoir de décider. Désormais, reclus dans une chambre d'hôtel, avec pour uniquement compagnon sa femme, il n'a plus rien du tout.

PS: Le titre est inspiré du livre de feu Ahmadou Kourouma, "Allah n'est pas obligé"

Publicité
Commentaires
O
Cher Monsieur,<br /> <br /> <br /> <br /> Soit vous avez des problèmes de vue, de logique ou d'analyse, soit vous être de mauvaise foi car votre réaction est aux antipodes de la réalité concernant les articles que j'ai lus dans ce blog. La vérité c'est que M. Samb a toujours été constant contre les dictateurs, tous les dictateurs, y compris Laurent Gbagbo (malheureusement pour vous). Et en parcourant ce blog, je suis obligé de reconnaître que M. Samb ne porte pas dans son coeur un Nicolas Sarkozy ("Ignorant des réalités africaines ou provocateurs ?"). La frustration est un sentiment humain, normal, mais ne dites pas des choses qui ne sont pas vraies. L'Afrique a vraiment besoin d'intellectuels qui ne défendent que la vérité quel qu'en soit le prix. Les positions partisanes ont coulé nos pays, appauvri nos populations et renforcé nos dictateurs. Laurent Gbagbo est responsable de ce qui lui arrive. M. Samb n'a absolument rien n'a voir dedans. Je pense que le mieux c'est d'éviter les critiques personnelles inutiles et qui nous font perdre du temps.
D
« Chers compatriotes, Vous vous souvenez que lors de la campagne présidentielle dernière, je vous avais promis ici même au Gondwana, une démocratie qui étonnerait le monde entier. J’ai donc décidé aujourd’hui de marquer volontairement le pas pour vous faire le point de l’avancement de la construction de la République très très démocratique du Gondwana.<br /> <br /> <br /> <br /> 1-De l’unité nationale et de la réconciliation<br /> <br /> <br /> <br /> Chers compatriotes, comme vous le savez, j’ai battu mon adversaire à la majorité absolue des<br /> <br /> bombes. Pour consolider l’unité nationale, j’ai décidé de diviser la Nation en deux camps: mes partisans d’une part et d’autre part, ceux de mon adversaire. Bientôt les pièces d’identité<br /> <br /> nationale vont mentionner cette division car il n’y a d’unité que lorsque la division est connue par tous et reconnue officiellement. Il n’y a pas de réconciliation sans paix, ni justice ! Par conséquent, j’ai décidé d’emprisonner d’abord mon adversaire et ensuite ses partisans qui ont en charge la gestion de son parti. Car après tout, la démocratie qui peut somme toute, étonner le monde, comme je l’ai promis, c’est celle sans opposition qui s’oppose ! Ainsi, pour faire participer l’opposition dans mon gouvernement - car il faut que tous les fils et filles participent à la reconstruction du pays - j’ai décentralisé certains ministères dans les différentes prisons du pays et je leur ai tendu la main pour siéger au gouvernement ! J’ai aussi promis un dialogue avec l’opposition. Mais comme un bon nombre d’entre-elle est en<br /> <br /> prison, j’ai alors décidé d’utiliser les nouvelles technologies. Le dialogue a d’ailleurs bien commencé et s’il vous plait, par téléconférence, entre Labaie, Lamacanou, la prison de Banou, de Touho, de Kirhogo, de Kotiala et mon avion de commandement. J’ai nommé une commission pour observer mes actions et paroles quotidiennes et quand les membres de cette dernière seront expérimentés, ils prendront le relais.<br /> <br /> <br /> <br /> 2-De la Justice.<br /> <br /> <br /> <br /> Aucun crime ne restera impuni! Je l’ai dit. Aussi, au nom de la paix et de l’unité nationale, les crimes commis par mes partisans feront l’objet d’une commission d’enquête spéciale. Comme une sanction peut être positive comme négative, les auteurs, coauteurs directs et indirects des crimes de mes partisans seront sanctionnés par leur promotion à des plus hautes responsabilités car le Code pénal de la République très très démocratique du Gondwana a prévu les sanctions positives comme négatives les plus originales figurez-vous ! Pour ne pas influencer la justice et conserver son indépendance, mes partisans qui seront éventuellement<br /> <br /> passibles de sanctions négatives, le seront après mon mandat. Et cela étonne les autres pays<br /> <br /> d é m o c r a t i q u e m e n t arriérés ! Mais souvenez-vous, j’ai fait la promesse d’étonner le monde. Je réussirai à le faire, rassurez-vous ! Pour les partisans de mon adversaire, le Code pénal prescrit le caractère collectif des crimes et non individuel. Cela a pour avantage de faciliter les enquêtes et d'identifier d’avance et au choix les auteurs et coauteurs des crimes. Pour accélérer la procédure dans le strict respect de la séparation des pouvoirs, le pouvoir<br /> <br /> judiciaire se sépare de ses prérogatives au profit de l’exécutif qui assume ainsi les responsabilités de procureur et de juge. La justice intervient séparément après pour faire le constat en toute indépendance et à son rythme et rédiger les minutes du procès. Le Code pénal prévoit d’ailleurs pour cette catégorie de mes concitoyens plusieurs types de sanctions<br /> <br /> : le gel des avoirs, le licenciement, l’occupation de domicile, l’expropriation de plantations, la<br /> <br /> prison, la torture ou, c’est selon, l’exécution physique qui garantit la vie éternelle car la Constitution de la République très très démocratique du Gondwana garantit le droit à la vie éternelle pour les partisans de mon adversaire conformément au statut de l’opposition de la République. C’est le statut le plus avancé au monde.<br /> <br /> <br /> <br /> 3-De la Sécurité<br /> <br /> <br /> <br /> Pour assurer la sécurité de tous les citoyens, il faut que l’armée agisse d’une manière homogène, par conséquent, seuls mes partisans dans l’armée ont le droit de posséder une arme. L’armée ne doit pas rester dans les casernes à ne rien faire comme dans les pays les moins avancés démocratiquement. Dans la République très très démocratique du Gondwana, les gendarmes et les policiers sont ceux-là même qui ne doivent rien faire du tout et donc ils doivent bien sûr être désarmés. Ils sont encasernés à la maison ou selon les lieux autorisés par les militaires. L’armée doit donc assurer la sécurité partout sur toute l’étendue du territoire. Mes militaires armés sont interdits de viol sauf les domiciles donc ils ont le droit de pénétrer dans n’importe quel domicile sans mandat de perquisition ! Pas la peine, c’est une<br /> <br /> perte de temps ! Et d’ailleurs, comme c’est une armée autonome, ils ont le droit de se faire payer directement par les citoyens, de gré ou de force pour que l’égalité devant l’impôt soit une réalité.<br /> <br /> <br /> <br /> 4-Les élections locales<br /> <br /> <br /> <br /> Le Code électoral prévoit des mandats électifs pour mes partisans et des mandats d’arrêts pour les partisans de mon adversaire car les prisons sont des circonscriptions électorales. Les<br /> <br /> élus de mon adversaire participent au débat s’ils le souhaitent par téléconférence, Skype, Facebook ou autres réseaux sociaux et ont en charge la gestion des prisons, des camps de torture et des camps des réfugiés.<br /> <br /> <br /> <br /> Conclusion<br /> <br /> <br /> <br /> Mes chers compatriotes, Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis. Je vous dis donc, très solennellement que la République très très démocratique de Côte d'Ivoire pardon, du Gondwana étonnera le monde ! Je m’adresserai à vous régulièrement pour faire le point au nom de la transparence. Vive la République, très très démocratique du Gondwana pour que vivent les Gondwanais ».<br /> <br /> Discours transcrit par<br /> <br /> Dr Cheick Diabaté,<br /> <br /> université de Colorado,<br /> <br /> USA
S
1) Nous attendons la preuve que le vote de ses comptriotes a été confisqué par Laurent Gbagbo. A partir de quoi faites-vous cette conclusion ? Les affirmations ne sont pas des preuves en matière d'élection. J'ai tenu le bureau de vote de ma circonscription en France : tous les éléments sont conservés pour servir en cas de contestation. Il y a des gens qui mettent dans l'enveloppe des feuilles blanches ; d'autres déchirent le bulletin ; d'autres y glissent des lettes et d'autres des billets de banques ; d'autres les deux bulletins des candidats... Tout ce qui n'est pas comptabilisé est conservé pour le cas où une contestation serait faite. Les nègres qui ignorent tout cela ne se fient qu'à ce que disent les oragnisations internationales. Ils sont incapables de raisonner à partirdes données des bureaux de vote. <br /> <br /> <br /> <br /> 2) Qui avait les chars et les roqettes ? Et contre qui étaientdirigés ces chars et ces roquettes ? Attention à ce que vous écrivez. Quand on ne mêle de politique, il importe d'être très informé et surtout très documenté. <br /> <br /> <br /> <br /> 3)Quand vous dites que Laurent Gbagbo résiste alos qu'il ne contrôle que "3 quartiers au sixième jours de forces Républicaines, alors, vous êtes dans l'ignoble ! "Qui appelez-vous "forces républicaine" ? Quelle était la République à ce moment précis du conflit ? <br /> <br /> <br /> <br /> ° Il faudra réécrire votre article en tenant compte de toutes les observations que je vous fais.<br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce parce que les organismes étrangers que vous citez sont tous contre Laurent gbagbo qu'il a tort ? Il faut être enfant pour raisonner de la sorte ! <br /> <br /> Remarque : je ne finis pas la lecture de votre article pour ne pas être déraisonnable. Le jour où vous serez assez instruit de l'histoire de l'Afrique et de ses luttes contre la contribution des négriers africains au profit de l'étranger, vous pourrez vous permettre de juger le combat des autres.
A
J'apprécie sincèrement le ton courtois et très élégant d'Antoine mais je ne suis pas d'accord avec lui. Il y a bel et bien un complot mais pas du côté où il lorgne. Les véritables comploteurs sont nos petits chefs complexés, incompétents et démagogues. Gbagbo fait malheureusement partie de cette catégorie là. Jamais l'histoire ne lui donnera raison.
A
Que cela vous arrange ou pas, quel que soit le bord pour lequel vous militez, tôt ou tard, l'histoire donnera raison à Gbagbo, que la France et ses suppôts ont vite fait d'évacuer pour des intérêts purement égoïstes. Lorsque vous vous rendrez compte que l'Occident a ourdi un complot contre l'Afrique (Tunisie, Egypte, Côte d'Ivoire, Lybie, etc), il se fera tard, vraiment tard.
Le blog de Saliou Samb
  • Ce blog pourrait servir de tribune à tous ceux qui sont passionnés d'histoire africaine et qui luttent pour la restauration du patrimoine historique africain. Il comprend également des analyses dans tous les domaines de la vie en Afrique...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité