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Le blog de Saliou Samb
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20 décembre 2005

Reconnaître l'évidence, un devoir de dignité

RAMSES_IIDepuis la publication de Nations Nègres et Culture en 1954, une thèse totalement renforcée par les conclusions du colloque du Caire en 1974, les gardiens du temple de Gobineau - le fameux théoricien de "l'inégalité des races" - ont revu leur mode opératoire. Devant l'impossibilité de masquer l'évidence de la culture intrinsèquement nègre de l'Egypte antique, ils tentent de gagner du temps, fuyant les débats scientifiques contradictoires, irradiant des momies (Ramsès II), se contentant de formuler des critiques aussi gratuites qu'inconsistantes - parce que jamais elles n’ont abordé les questions de fond notamment au plan linguistique ! - contre les arguments massues brandis par les chercheurs africains dont les plus réputés sont Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Aboubacry Moussa Lam, etc.

Auparavant, des milliers de momies ont été détruites, des preuves irréfutables cachées dans les caves des musées, des témoignages capitaux (Herodote, Jambique, Strabon, Pythagore, Amien Marcellin, Volney, Champollion le jeune, Lepsius, etc.) passés sciemment sous silence, sans oublier la manœuvre qui consista à refuser de permettre l’analyse d’un millimètre de peau de la momie de Ramsès II, l’authentique, qui était d’une couleur noire charbon. Les vestiges de l’art égyptien sont d’ailleurs là pour rafraîchir la mémoire de ceux qui doutent encore des traits fondamentalement nègres du pharaon de la XIX dynastie.

Cette attitude aussi suspecte que malhonnête devrait faire réfléchir bien des Africains perdus dans les méandres d'une polémique à l'enjeu pourtant capital. Car il s'agit de réécrire la vraie histoire de l'humanité (Nègres, Blancs, jaunes, rouges), totalement dépouillée d'une idéologie dont les fondements se sont écroulés tel un château de sable.

Pour bien comprendre la démarche des chercheurs africains qui sont au moins aussi compétents que leurs homologues occidentaux, avec l'avantage inestimable de la maîtrise des langues africaines, il faut tout simplement se poser les bonnes questions.

Pourquoi les savants de l'antiquité Grecs et latins, ancêtres des européens qui avaient, pour paraphraser Cheikh Anta Diop "atteint un niveau de maturité" incontestable, ont témoigné de façon unanime que les Egyptiens étaient "noirs et qu'ils avaient les cheveux crépus" (Herodote, Livre II) ? Pourquoi le livre de Volney évoquant les traits indiscutablement nègres de Egyptiens de l’antiquité a-t-il autant gêné l’idéologie occidentale ? Que penser d’un savant comme Champollion Figeac qui déclare de manière péremptoire que les cheveux crépus et la peau noirs ne sont pas les traits indiscutables d’un nègre ?

"(...) ces deux qualités physiques (les cheveux crépus et la peau noire) ne suffisent pas pour caractériser la race nègre (...)" (Lire Champollion-Figeac, Egypte ancienne, P.26-27) est en réalité le plus bel aveu d’impuissance de l’idéologie qui veut falsifier délibérément l’histoire de l’humanité.

Pourquoi le sieur Charles Dawson a-t-il confectionné de toutes pièces l’homme de Piltdown (face humaine et mâchoire de babouin) pour tromper le monde scientifique pendant un demi-siècle si ce n’était pour renforcer la thèse qui voulait l’homme africain, le Nègre, soit un leucoderme « négrifié » par le climat, descendu tout droit du continent européen ?

Pourquoi dans ce cas, tous les spécimens d’hommes fossiles les plus anciens, de l’australopithèque à l’homo sapiens sapiens, se retrouvent en Afrique à l’exception de tout autre continent  et que les écarts en l’Afrique et les autres continents se mesurent parfois en dizaines voire en centaines de milliers d’années ?

Comme on le voit si bien, quand les problèmes sont bien posés en mettant de côté les attitudes aussi vaniteuses que puériles, les solutions coulent de source. L’homme est né en Afrique, sous la forme de l’espèce la plus naturelle de ce continent, y a développé la technique, les sciences, les arts, la philosophie, bref la civilisation.

Dès lors, il faut avoir la dignité d’admettre la vérité scientifique, étant entendu que les Noirs n’ont pas dominé la nature parce que tout simplement ils étaient de cette couleur de peau. Car ce serait reconnaître que tous les hommes ne sont pas égaux, n’en déplaise aux « circonvolutions du cerveau » d’un Larousse, Levi Strauss, Hegel, Voltaire, Montesquieu, qui nourrissaient le secret espoir que la nature des choses soit ainsi…

Saliou Samb

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Commentaires
M
Tout à fait, la révélation peut paraître étonnante mais les faits sont aussi têtus et indiscutables. Hegel est ce qu'il est et je pense qu'il n'est plus besoin de le décrire. Même ceux qui le défendent le connaissent.<br /> Alors parlons de Montesquieu et Voltaire.<br /> D'abord Montesquieu : dans "De l'Esprit des lois" (1748), ce membre de la famille des "créateurs des droits de l'homme" veut démontrer sans ambages les qualités inférieures du noir. Ainsi, selon cet "humaniste", l'Africain, trop foncé à son goût, n'est pas une créature digne de Dieu, et que la couleur de peau relève de l'essence même de l'humanité. Et le philosophe poursuit ses élucubrations en tentant de démontrer cette prétendue infériorité. La base de son raisonnement, la couleur de peau, un prétendue laideur, et j'en passe...<br /> Lisez ce qui suit, écrit de la plus belle plume de Montesquieu : "Les peuples des pays chauds sont timides comme les vieillards le sont ; ceux des pays froids sont courageux comme le sont les jeunes gens. (...) nous sentons bien que les peuples du nord, transportés dans les pays du midi, n’y ont pas fait d’aussi belles actions que leurs compatriotes qui, combattant dans leur propre climat, y jouissent de tout leur courage. (...) Vous trouverez dans les climats du nord des peuples qui ont peu de vices, assez de vertus, beaucoup de sincérité et de franchise. Approchez des pays du midi vous croirez vous éloigner de la morale même ; des passions plus vives multiplient les crimes (...) La chaleur du climat peut être si excessive que le corps y sera absolument sans force. Pour lors l’abattement passera à l’esprit même : aucune curiosité, aucune noble entreprise, aucun sentiment généreux ; les inclinations y seront toutes passives ; la paresse y sera le bonheur" (Montesquieu, livre XIV, chapitre 2)<br /> Et le "savant" poursuit sa brillante démonstration : "La plupart des peuples des côtes de l’Afrique sont sauvages ou barbares. Je crois que cela vient beaucoup de ce que des pays presque inhabitables séparent de petits pays qui peuvent être habités. Ils sont sans industrie ; ils n’ont point d’arts ; ils ont en abondance des métaux précieux qu’ils tiennent immédiatement des mains de la nature. Tous les peuples policés sont donc en état de négocier avec eux avec avantage ; ils peuvent leur faire estimer beaucoup des choses de nulle valeur, et en recevoir un très grand prix" (Montesquieu, Livre XXI, chapitre 2). Incroyable non ?<br /> Venons-en à Voltaire, le grand Voltaire. Prenons son essai "Les Moeurs et l'Esprit des Nations" (1756). Morceau choisi : "Il n’est permis qu’à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les Albinos, les Hottentots, les Lappons, les Chinois, les Américains soient des races entièrement différentes. Il n’y a point de voyageur instruit qui, en passant par Leyde, n’ait vu une partie du reticulum mucosum d’un Nègre disséqué par le célèbre Ruysch. Tout le reste de cette membrane fut transporté par Pierre-le-Grand dans le cabinet des raretés, à Petersbourg. Cette membrane est noire, et c’est elle qui communique aux Nègres cette noirceur inhérente qu’ils ne perdent que dans les maladies qui peuvent déchirer ce tissu, et permettre à la graisse, échappée de ses cellules, de faire des tâches blanches sous la peau.Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils ne doivent point cette différence à leur climat, c’est que des nègres et des négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu’une race bâtarde d’un noir et d’une blanche, ou d’un blanc et d’une noire" ! Sans commentaires non ? C'était ça aussi "l'humaniste" Voltaire.
M
"Car ce serait reconnaître que tous les hommes ne sont pas égaux, n’en déplaise aux « circonvolutions du cerveau » d’un Larousse, Levi Strauss, Hegel, Voltaire, Montesquieu, qui nourrissaient le secret espoir que la nature des choses soit ainsi… "<br /> <br /> Quelle Mélange ! Rapprocher Hegel à Voltaire ou Montesquieu, mon Dieu. Stupéfaction puisque ces deux derniers font partie de la famille créateur des droits de l'homme ou tout les Hommes sont... égaux.
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